La simplicité & le marketing

Cet article a pris 4 semaines entre le début de la réflexion et le début de l’écriture. Ce n’est pas parce que j’ai fait beaucoup de recherches mais bien parce que j’ai été incapable de m’organiser et je ne pensais pas avoir suffisamment de contenu pour un article entier.

Le thème sur lequel je souhaitais réfléchir est le suivant : la notion de simplicité, en lien avec la communication des idées.

Lorsqu’on cherche à communiquer une idée à quelqu’un, la complexité intervient sur deux points :

  • La complexité du message qui contient l’idée
  • La complexité de l’idée en elle-même

Pour illustrer mon propos, imaginons que vous me demandez de vous expliquer le concept de groupe commutatif en mathématiques. C’est un concept quelque peu complexe en soit, il s’agit de l’idée. A cela va s’ajouter la complexité de la façon dont je vous décrit ce qu’est un groupe. C’est la complexité du message. Ces deux concepts permettent de comprendre comment expliquer un sujet simplement et pourquoi nous cherchons à augmenter à tout prix la simplicité.

La complexité du message

La complexité d’un texte est facile à calculer. Il existe un certain nombre d’études de la lisibilité. On peut facilement citer une dizaine de formules mathématiques qui expliquent si un texte est simple à lire ou non, indépendamment de ce qu’il décrit.

La plus couramment utilisée est celle de Flesch. Elle s’écrit comme suit :

De 0 à 100, cette formule décrit la complexité d’un texte en fonction de la longueur des phrases et de la complexité des mots utilisés. Plus le score est bas, moins le texte est aisément compréhensible. Plus le score est élevé, plus le texte est accessible à un large public.

Même si elle paraît artificielle, cette formule exprime bien les deux critères principaux à prendre en compte lorsqu’on souhaite écrire simplement. Plus les phrases sont longues plus il faut être concentré pour comprendre ce dont il est questions. Plus les mots sont longs, plus ils sont complexes et moins ils sont fréquemment utilisés. Utiliser des mots courants du langage réduit considérablement l’effort à fournir pour comprendre le texte.

A ceux qui maintiennent qu’il faut utiliser des mots compliqués pour que la langue soit belle, je maintiens à mon tour que la lisibilité est plus importante que le style, et que le style n’est pas perdu quand le texte est simple ; bien au contraire. Ecrire simplement est d’une grande complexité. Je plains ceux qui se réfugient derrière l’argument du style, alors qu’ils ne savent simplement pas exprimer leurs idées clairement.

Un étudiant m’a récemment posé la question suivante :

Si l’on souhaite exprimer la notion de complexité, est-ce optimal d’écrire un texte simple ?

Après réflexion, ma réponse est la suivante : il ne faut pas confondre la complexité de l’idée avec la complexité du message.

Si vous souhaitez communiquer à vos clients que votre travail est technique, il existe des façons simples de leur dire. Communiquer la complexité de vos missions par un langage complexe est possible, mais risque d’apporter de l’incompréhension pour vos clients, qui ne sauront finalement pas pour quoi ils vous paient précisément. A choisir, je maintiens qu’il est plus intéressant de d’exprimer tout simplement, même des idées complexes.

La complexité d’une idée

Les idées ont différentes complexités intrinsèques. A cela s’ajoute toujours la complexité du message avec la quelle l’idée est exprimée. Une idée simple peut être rendue floue et compliquée avec un mauvais emballage ; à l’inverse, une idée complexe peut toujours être exprimée simplement. Il faut pour cela suivre ces quelques règles.

Ce qui est connu est simple. Le savoir et la compréhension sont plus faciles à développer en relation avec quelque chose que l’on connait déjà. Pour exprimer la notion de ciblage séquentiel, je peux me raccrocher à la notion de ciblage et à la notion d’engagement, puisque c’est un mélange de ces deux concepts. Si vous connaissez déjà les concepts d’introduction, il sera très aisé de vous expliquer le concept final. Autant que possible, utilisez ce que votre public connait déjà.

Certaines idées sont connues de tous. C’est le cas des archétypes, au sens psychologique du terme. Les archétypes sont, en simplifiant grossièrement, des notions universelles auxquelles nous sommes tous sensibles. C’est par exemple le cas de l’idée du chevalier qui sauve une princesse. C’est un concept que nous maîtrisons tous et qui nous parle facilement. C’est aussi le cas du concept du dragon. Nous savons tous ce qu’est un dragon, car il s’agit d’un archétype. Jung a identifié un certain nombre d’archétypes. Il existe par exemple la mort, la renaissance, le sorcier, la princesse, la nature ou encore le père. Ce sont des notions fréquemment utilisées dans les histoires et les films.

Une idée qui ne peut pas être simplifiée n’est pas vraiment comprise. Je suis convaincu que toutes les idées et tous les concepts peuvent être expliqués simplement s’ils sont suffisamment travaillés. Si vous ne parvenez pas à résumer un concept complexe en quelques phrases, c’est parce que vous ne maîtrisez pas l’idée sous-jacente.

L’entraînement aide énormément. S’entraîner à écrire des phrases courtes va vous permettre de séquencer vos idées. Contrairement à ce qui s’entend parfois, une idée par phrase est largement assez. Si vous insister pour en ajouter, vous allez rendre vos textes artificiellement compliqués et risquez de perdre vos lecteurs.

Comme l’exprime Malcolm Gladwell, votre écriture ne doit pas être un obstacle à la compréhension des idées que vous exprimez.